Apollinaire, Guillaume: Vitam Impendere Amori* (Vitam impendere amori Angol nyelven)
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Vitam impendere amori (Francia)L'amour est mort entre tes bras Te souviens-tu de sa rencontre Il est mort tu la referas Il s'en revient à ta rencontre
Encore un printemps de passé Je songe à ce qu'il eut de tendre Adieu saison qui finissez Vous nous reviendrez aussi tendre
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Dans le crépuscule fané Où plusieurs amours se bousculent Ton souvenir gît enchaîné Loin de nos ombres qui reculent
Ô mains qu'enchaîne la mémoire Et brûlantes comme un bûcher Où le dernier des phénix noire Perfection vient se jucher
La chaîne s'use maille à maille Ton souvenir riant de nous S'enfuir l'entends-tu qui nous raille Et je retombe à tes genoux
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Tu n'as pas surpris mon secret Déjà le cortège s'avance Mais il nous reste le regret De n'être pas de connivence
La rose flotte au fil de l'eau Les masques ont passé par bandes Il tremble en moi comme un grelot Ce lourd secret que tu quémandes
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Le soir tombe et dans le jardin Elles racontent des histoires À la nuit qui non sans dédain Répand leurs chevelures noires
Petits enfants petits enfants Vos ailes se sont envolées Mais rose toi qui te défends Perds tes odeurs inégalées
Car voici l’heure du larcin De plumes de fleurs et de tresses Cueillez le jet d’eau du bassin Dont les roses sont les maîtresses
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Tu descendais dans l'eau si claire Je me noyais dans ton regard Le soldat passe elle se penche Se détourne et casse une branche
Tu flottes sur l'onde nocturne La flamme est mon cœur renversé Couleur de l'écaille du peigne Que reflète l'eau qui te baigne
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Ô ma jeunesse abandonnée Comme une guirlande fanée Voici que s’en vient la saison Et des dédains et du soupçon
Le paysage est fait de toiles Il coule un faux fleuve de sang Et sous l’arbre fleuri d’étoiles Un clown est l’unique passant
Un froid rayon poudroie et joue Sur les décors et sur ta joue Un coup de revolver un cri Dans l’ombre un portrait a souri
La vitre du cadre est brisée Un air qu’on ne peut définir Hésite entre son et pensée Entre avenir et souvenir
Ô ma jeunesse abandonnée Comme une guirlande fanée Voici que s’en vient la saison Des regrets et de la raison
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Vitam Impendere Amori* (Angol)Love is dead within your arms Do you remember his encounter He’s dead you restore the charms He returns at your encounter
Another spring of springs gone past I think of all its tenderness Farewell season done at last You’ll return as tenderly
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In the evening light that’s faded Where our several loves brush by Your memory lies enchained Far from our shades that die
O hands bound by memory Burning like a funeral pyre Where the last black Phoenix Perfection comes to respire
Link by link the chain wears thin Deriding us your memory Flies ah hear it you who rail I kneel again at your feet
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You’ve not surprised my secret yet Already the cortège moves on But left to us is the regret of there being no connivance none
The rose floats at the water’s edge The maskers have passed by in crowds It trembles in me like a bell This heavy secret you ask now
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Evening falls and in the garden Women tell their histories to Night that not without disdain spills their dark hair’s mysteries
Little children little children Your wings have flown away But you rose that defend yourself Throw your unrivalled scents away
For now’s the hour of petty theft Of plumes of flowers and of tresses Gather the fountain jets so free Of whom the roses are mistresses
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You descended through the water clear I drowned my self so in your glance The soldier passes she leans down Turns and breaks away a branch
You float on nocturnal waves The flame is my own heart reversed Coloured as that comb’s tortoiseshell The wave that bathes you mirrors well
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O my abandoned youth is dead Like a garland faded Here the season comes again Of suspicion and disdain
The landscape’s formed of canvasses A false stream of blood flows down And under the tree the stars glow fresh The only passer by’s a clown
The glass in the frame has cracked An air defined uncertainly Hovers between sound and thought Between ‘to be’ and memory
O my abandoned youth is dead Like a garland faded Here the season comes again Of suspicion and disdain
*(Vitam Impendere Amori: To Threaten Life for Love)
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